En route pour la chine

Dimanche 13 Novembre

Mathieu et moi reprenons la route direction la Chine cette fois. On a décidé d’étaler le voyage sur plusieurs jours pour en profiter un peu (environ 200km). La frontière se trouve à proximité du col d’Irkestam à une altitude de plus de 3000m. La route est donc une longue montée en lacets. La chance nous sourit encore une fois : on tombe sur un poids super-lourd qui avance beaucoup mieux que les autres. Le chauffeur a à peine 19 ans et il est accompagné d’un quarantenaire la bière à la main, complètement bourré et complètement lourd. On passe un premier col très enneigé à plus de 3600m sans encombre et on arrive vite au dernier « grand » village Kirghize à 70 km de la frontière : Sary Tash, situé sur un plateau à 3200m. On décide de faire un détour de 30 km au sud sur la route pour le Tadjikistan vers un village nommé Sary Mogul, situé au pied du pic Lénine qui culmine à plus de 7000m. Nous voici dans la chaine du Pamir-Alai, la pointe Ouest de l’Himalaya. Nos conducteurs nous laissent à une mine de charbon, principale source d’activité du coin et on finit le chemin par un bon morceau de marche à pied. Le ciel est très dégagé et le soleil limite la rudesse du froid. Quelques nuages agglutinés sur les montagnes nous empêchent d’admirer le pic Lénine comme il le mérite, cependant le coin n’en reste pas moins somptueux. Une fois dans le village on met très peu de temps à trouver un hébergement. Un petit groupe de gens curieux se forme autour de nous puis un gars revenant de la mine nous invite chez lui au bout de quelques minutes. Son invitation est très touchante tellement sa maison est petite et rudimentaire. Elle contient une seule pièce d’environ 15m², les murs sont en terre battue, les fenêtres sont des bâches agrafées et le toit est un entassement de bois, de terre et de bâches. La pièce est recouverte de tapis et contient deux choses : Une télé-lecteur-dvd et un poêle à charbon dont fort heureusement ils ne manquent pas. Il fait donc très chaud. Les toilettes? Il n'y en n'a pas, il faut faire ses petites (et grosses) commissions dehors comme un grand, ce qui permet d'admirer la voie lactée encore une fois. A l’intérieur on rencontre sa femme et ses trois enfants, nullement surpris de notre présence. On est très gênés d’être là au début. Puis 4 amis à eux arrivent et viennent s’assoir avec nous pour discuter et manger, on se retrouve à 11. On se rend compte alors à quel point les Kirghizes sont hospitaliers. Il est normal pour eux d’accueillir beaucoup de gens, quel que soit l’espace qu’ils possèdent. On passe une super soirée. On chante et on joue de ma petite guitare sur laquelle ils posent leur signature. On s’endort au final à 7 côtes à côtes sur les tapis.