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Guitar Sunrise
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5 janvier 2012

Portrait d'une musicienne Kirghize

Aterkul Baitokova: Komuz au bout des doigts et rythme dans la peau

Un beau jour à Karakol, Valentyn le tenant Russe d’une guest house m’a arrangé un rendez-vous avec une professeure deIMG_6654 Komuz dans une école de musique : Aterkul Baitokova. La barrière de la langue fait qu’au départ le propos du rendez-vous ne semble clair ni pour lui, ni pour elle. Néanmoins j’entre dans cette école de musique plein d’espoir, muni de mon matériel d’enregistrement et accompagné de mes deux amis de voyage. Je rencontre ainsi Aterkul, une femme d’un certain âge à l’allure très timide, réservée et calme. Valentyn qui parle un Anglais approximatif nous sert gentiment d’interprète. Il lui traduit l’idée de mon projet et elle semble d’accord pour y participer. Me voici dans un traquenard, je ne l’ai même pas encore vue jouer…

Valentyn nous laisse seuls et la communication devient difficile. Je lui montre des vidéos de musiciens des pays précédents. Elle les regarde impassible, komuz à la main… Je lui demande (je ne sais comment) quel style de musique elle joue et elle m’appoIMG_6632rte la meilleure réponse qui soit : une démonstration de son talent. Tout en gardant son visage réservé elle se lance dans un morceau ultra rapide et rythmé. L’air est directement prenant et donne envie de bouger la tête. Elle effectue des techniques de main droite hors du commun d’une immense beauté tout en gardant le rythme. Mon attention et mon enthousiasme augmentent à chaque seconde. Tout à coup, prenant tout le monde à contre-pieds, elle balance son Komuz sur l’épaule, le manche vers le bas et continue à jouer sans perdre rythme effréné du morceau. Jimi Hendrix lui-même n’aurait pas fait mieux. En un instant son regard impassible devient hyper confiant et malicieux du genre : « Ca vous en bouche un coin les djeuns hein ? ». Oui ça nous en bouche un coin, et un gros ! Elle renvoie son komuz sur ses genoux à toute vitesse et termine son morceau en crescendo. Nous, estomaqués on lui fait une ovation de tous les dieux tandis qu’elle redevient la femme calme et timide du début… Ok pas de soucis je la veux dans mon projet !

Valentyn revient et on se lance dans une interview assez comique car très fastidieuse. Je pose une question à Valentyn qui laIMG_6649 traduit en Russe à Aterkul puis ils discutent 5 minutes et Valentyn me rend une réponse approximative, souvent à côté de la question… Néanmoins voici ce que j’ai réussi à comprendre : Aterkul vient de la région de Karakol (partie Est du lac Issik Köl). Elle joue du komuz depuis 30 ans et l’enseigne depuis 20 ans. Il n’est malheureusement pas possible de la voir jouer en concert, cependant ses étudiants participent chaque année à une compétition de musique à Karakol et c’est l’occasion de voir leur travail sur scène. Elle nous raconte également une jolie légende sur les origines du Komuz : Un jour un berger Kirghize eut l’une idée lumineuse d’accrocher des boyaux de mouton entre deux branches d’arbre (pour une raison qui m’échappe). Le vent soufflant sur les boyaux les fit vibrer ce qui créa une magnifique mélodie. Ce même berger fixa plus tard trois boyaux sur un bout de bois et les gratta pour reproduire cette mélodie : Le Komuz vint de naître.

Mis à part cela, beaucoup de mes questions restent sans réponse… Notamment concernant la symbolique des mouvements de main droite dans le jeu du Komuz, car j’imagine qu’il y en a une. Leur réponse est qu’il n’y en a pas : tout est pour le show… Je reste sceptique là-dessus. Cependant pour l’occasion Aterkul nous fait une démonstration de toutes les positions les plus improbables pour jouer du Komuz… Bluffant ! Elle enregistre un joli morceau qu’il sera possible d’écouter d'ici peu sur le profil myspace du projet : http://www.myspace.com/575952034. En partant je lui laisse tous mes enregistrements musicaux car elle semble motivée pour les écouter et tenter de jouer dessus. Nous avons rendez-vous le lendemain pour la ré-enregistrer cependant elle ne vient pas pour des raisons personnelles.

Quoi qu’il en soit la rencontre fut belle et passionnante. Le coup de la barrière de la langue devait m’arriver un jour ou l’autre, voilà qui est fait ! N’ayant pas une équipe de reportage avec moi, j’ai utilisé le système « D » qui a tout de même réussi à en faire au final une expérience plus que positive… Et puis dans la fond, moins de blabla pour plus de musique ce n’est pas plus mal non plus !

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