Kuala Lumpur
Du Vendredi 23 décembre au Samedi 4 janvier
Je quitte ainsi la Chine pour la Malaisie en prenant mon deuxième vol du voyage. A travers ce bond de plusieurs milliers de kilomètres une page se tourne. L’hiver laisse place à l’été alors que je me rapproche de l’équateur. Je ne suis plus si loin de l’Australie, ma supposée destination finale. En réalité à ce stade du périple je ne suis même plus certain de vouloir aller jusque-là bas. J’ai besoin de freestyle total, de ne pas savoir où je vais et de m’immiscer entièrement dans des expériences inédites. Je pars pourtant avec beaucoup de choses planifiées : le but de ce grand saut en avant est de retrouver ma belle pendant 3 semaines, puis de faire un autre bond vers Bangkok pour retrouver des amis. Bref, pour compenser cet aspect trop planifié, je décide inconsciemment de ne rien préparer ni de trop en savoir sur la Malaisie afin de me laisser surprendre. Par bonheur, cette façon de faire conviendra parfaitement à Yannick (ma copine). Malgré tout, la Malaisie est un pays dans lequel je souhaite me rendre depuis toujours, principalement pour la plongée sous-marine que j’ai envie de découvrir… J’atterris donc à Kuala Lumpur vers 2h du matin en ignorant tout ce pays et passe la nuit par terre dans le hall de l’aéroport parmi des dizaines d’autres gens. Les jours qui suivent, je suis hébergé par Yap dans une très jolie maison loin du centre-ville, le couchsurfing a fonctionné cette fois ! Yap m’accueille comme un roi. Sa maison est extrêmement confortable et bien décorée. Yap est un Malaisien cinquantenaire issu de la communauté Chinoise. Vous vous demandez sûrement pourquoi je mentionne ça… Eh bien c’est parce qu’en Malaisie, les communautés ne se mélangent pas (ou très peu). Dans la région de KL il y a environ 60% de Malais, 30% de Chinois et 10% d’Indiens (à la louche ! Il y a aussi beaucoup d’expat). Lors de l’indépendance du pays, il a été clairement stipulé que les Malais seraient prioritaires en tout. Ils bénéficient par exemple de (quasiment) tous les postes en université et au gouvernement, de prix réduits pour l’achat d’immobilier etc… Ainsi, même si la famille de Yap est malaisienne depuis 3 générations, ici ils gardent l’étiquette « d’origine Chinoise » (c’est marqué sur sa carte d’identité). Pour devenir « Malais » il faut (entre autre) se convertir à l’Islam et changer de nom. Bref… Yap m’introduit donc dans la communauté chinoise de KL. Je rencontre ses amis, il me fait visiter de jolis coins reculés : des villages de pécheurs remplis de singes, des temples Indiens et Chinois, de superbes mosquees. Il m’amène voir des cascades qui forment des toboggans naturels, il me fait gouter aux fruits locaux et à des plats Chinois que je ne connais pas… Extraordinaire ! On passe noël même ensemble et étant catholique, il m’invite à l’accompagner à la messe. Moi !? Bon, n’ayant rien d’autre à faire je l’accompagne et tiens 5 bonnes minutes avant de mourir d’ennuis et lui fausser compagnie pour visiter la ville.
A bout de quelques jours, Yap ne pouvant plus m’héberger il m’envoie chez une amie: Chiang une femme du même âge et de la même communauté. Elle habite dans ce qu’ils appellent un condominium, ce qui signifie une «résidence tout confort-sécurité pour personnes fortunées ». Je me retrouve en compagnie d’un Américain qui aime jouer les « man vs wild » en partant régulièrement seul faire de la survie dans des endroits reculés. On profite de tous les avantages du coin : piscine, salle de sport, spa… On n’est pas vraiment à plaindre étant donné qu’il fait vraiment très chaud et humide.
En parallèle, ma quête de musicien est beaucoup plus difficile qu’en Chine. Je ne trouve aucun instrument traditionnel dans les boutiques de musique. J’en ai pourtant deux dans le colimateur : Le Gambus et le Sape. Les deux viennent de tribus autochtones présentes en Malaisie bien avant les Malais et sont très difficiles à trouver. Les musiciens qui en jouent le sont d’autant plus.
…Et un beau jour miracle : Yannick débarque à l’aéroport ! On ne s’est pas vu depuis Dubaï et une fois encore nos retrouvailles sont surréalistes. On peine à y croire, trois mois c’est très long! On passe quelques jours tranquilles et fainéants dans KL. On a réservé une auberge dans le quartier Indien. On arpente la ville (qui est minuscule en fait) de long en large, on prend nos habitudes dans les petits restaurants de rue… Pour le jour de l’an on se fait une excellente double-soirée : on dine tout d’abord chez Yap de super-plats Chinois en compagnie de plein de gens qui me réclament une prestation de « Tian mi mi » (la chanson romantique Chinoise que j’ai apprise à Hong Kong) puis on fonce au centre-ville. Là on retrouve un couchsurfer ultra-efféminé et désinhibé avec qui on passe les douze coups de minuit. Les rues sont bondées, la foule euphorique s’asperge de bombe à serpentin, des feux d’artifices éclatent un peu partout (dont des fameuses tours jumelles Petronas). Un très beau moment ! Notre hôte nous amène chez lui où se tient une fête dans laquelle tous les couchsurfers du coin sont invités. On y trouve pleins d’occidentaux qui s’amusent, de l’alcool, de la musique, une piscine, des hommes nus dedans, des femmes qui gloussent au bord et on y passe une super soirée.
Lors de notre dernière journée à KL on visite quelques broutilles dont les tours Petronas puis on finit la soirée chez Chiang chez qui on passe notre dernière nuit. Le lendemain, un long voyage vers Singapour nous attend. On enchainera ensuite avec Borneo (décision de dernière minute)… On est bien tintin !