Jeudi 15 septembre La mère d’Hossein nous fait un

Jeudi 15 septembre

La mère d’Hossein nous fait un petit déjeuner de rêve que l’on déguste devant des clips de mtv. Je sympathise avec la petite sœur Asale (13 ans) qui parle très bien Anglais et qui est fan de Shakira. Dans l’après-midi je pars visiter le village de Kandovan avec un ami de la famille qui est un chauffeur de taxi et qui me fait un prix d’amis. Kandovan est une petite curiosité géologique : une mini Cappadoce au milieu de nulle part. Des immenses cheminées de fée remplies d’habitations troglodytes. Apparemment quelques chercheurs s’accordent sur le fait qu’il s’agit du site du fameux jardin d’Eden dont parle la bible… Sur le chemin Humit (le chauffeur) s’arrête pour prendre sa femme au passage munie d’un thermos et de provisions. Elle nous sert le thé et nous coupe des fruits pendant tout le trajet. Une fois sur place, c’est magnifique et la différence avec la Cappadoce réside dans le fait que les habitations troglodytes sont encore toutes habitées. Les locaux nous laissent entrer chez eux parfois en demandant de l’argent ou alors grognent quand ils ne veulent pas. Humit a une façon très Iranienne d’être fier de son pays en me poussant un peu vers là où il veut que j’aille et en me montrant chaque seconde un truc du doigt : « You see ? Very beautiful ! Take picture ! Take picture ! Is it very beautiful ? Is it better than France?” J’ai entendu très souvent ce genre de phrase au mot près en Iran, mais pas toujours de façon si insistante. Du coup je leur fausse compagnie habillement afin d’avoir un peu la paix et profiter du coin. En fin d’après-midi je retrouve Hossein et Vahid. On passe chercher leurs maillots de foot, leur banderole et leur vuvuzela et hop on file vers le stade, musique à fond, banderole à la fenêtre et en braillant dans des vuvuzela. La panoplie complète des branleurs me direz-vous. Peut-être… Mais j’avoue qu’on s’amuse bien ! Cela dit une appréhension me reprend. Le conseil numéro 1 de l’ambassade de France est : Surtout évitez les grands regroupements de personnes. Si jamais il y a une bagarre générale, une émeute ou quoi que ce soit éclate et que les militaires me voient dedans en tant que Français, les carottes sont cuites me dis-je. Les alentours du stade sont pleins à craquer à plusieurs km à la ronde. Une fois garée on monte à 4 sur une moto-taxi pour accéder au stade (toujours en braillant dans les vuvuzelas). Le stade est immense et plein à craquer: 70000 personnes et que des hommes. La testostérone est presque palpable.. Une fois au stade (rempli de militaires), je me fais tout petit et j’essaie de faire en sorte que personne ne remarque que je ne suis pas du coin. Hélas, mes deux comparses en ont décidé autrement et encore une fois ma gueule de métèque ne m’aide pas ! Alors que l’on descend les tribunes pleines à craquer, Hossein et Vahid crient à qui veux l’entendre : « Hé ! Il est Français ! » « La ferme les gars ! C’est pas la peine de… » trop tard… La rumeur se répand comme une trainée de poudre ! « Ho ! Ya un français les gars ! Regardez ! » Tout le monde se lève  et crie hello ! hey ! Bonjour ! French ! French ! Zidane ! Thierry Henry ! On me sert la main on m’acclame de partout, même de très loin, on me prend en photo sous tous les angles. L’immense tribune tout entière sait que je suis là et connais même mon nom. Les gens se déplacent de loin pour venir prendre des photos avec moi.  Pire : Lorsque leur équipe fait n’importe quoi, toute ma rangé se met à crier : « Yohann va jouer à leur place ! » Si seulement ils savaient que j’ai deux pieds gauches … L’ambiance du match est électrique, c’est assez exceptionnel ! Rien à voir avec les quelques match que j’ai vu à Toulouse ou au stade de France. Ce soir-là Tabriz reçoit Téhéran, leur ennemi juré !  Bref au final Tabriz a perdu mais tout le monde est resté de très bonne humeur, c’était vraiment très sympa. Directement après le match Hossein et Vahid me déposent à un bus de nuit direction Téhéran. Après de longs adieux je monte dans le bus le plus stylé que j’ai jamais vu : J’ai un siège solitaire avec deux fois plus d’espace qu’un bus ordinaire. Je peux même étendre mes jambes !