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Guitar Sunrise
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28 juin 2012

A la rencontre des Orang Ulu

Du Lundi 16 au jeudi 19 avril

Le terme « Orang ulu » désigne un ensemble de 8 tribus qui habitent depuis des siècles  dans la forêt de Bornéo. Ils représentent environ 8% de la population de Sarawak. Sans entrer trop dans le détail il y a en tout 28 éthnies différentes originSAM_0091aires de Sarawak. Les ethnies majoritaires sont les Ibans suivis par les Chinois puis les Malais…  Les Orang ulu sont ceux qui jouent du Sape, cet instrument qui me plait tant. Pour se rendre dans leur fief, la région de Belaga il faut prendre un petit bateau rapide comme l’éclair qui vogue sur la grande rivière Rajang Les paysages alternent entre forêt dense et dense déforestation pendant plusieurs heures. Une escale d’une journée dans la petite ville de Kapit est obligatoire. De là, les bateaux vers Belaga partent sur un autre affluent le lendemain. Dommage parce qu’il n’y a pas grand-chose à faire à Kapit... Le départ vers Belaga se fait à la fraîche, tôt le lendemain sur un affluent de la rivière est plus étroit et plus joli. Après quelques heures sur une eau boueuse entourée de mangrove, de lianes, de palmiers et de jolis papillons me voici enfin arrivé dans cet endroit « reculé » tant attendu. Belaga est une minuscule ville, voire un village placé juste au bord de la rivière. Contre toute attente l’endroit est en fait assez touristique. Même s’il n’y a que 5 ou 6 touristes par jours, tout le village sait qu’on est là. On peut facilement trouver de petites auberges avec des dortoirs pour backpackers, en Malaisie c’est le signe clair d’une présence fréquente d’occidentaux. En fait les orang ulu, tout comme beaucoup d’autres tribus locales ont la particularité de vivre dans ce que l’on nomme des « long houses », des maisons très longues dans lesquelles habitSAM_0089e tout un clan. Ils sont aussi connus pour être d’anciens coupeurs de têtes et on peut voir de vieux crânes accrochés au toit de certaines maisons… C’est ça que les gens viennent voir. Après avoir sympathisé avec un couple suisse et un Polonais on se retrouve dans le même dortoir. L’auberge est tenue par un certain Daniel, un Orang ulu dans la soixantaine rempli de superbes histoires sur ses ancêtres et son enfance passée dans les long houses. On écoute avec délice comment son oncle s’est défait des anneaux d’un python ou comment sa tribu s’est remise à couper des têtes de Japonais pendant leur invasion de Bornéo durant la seconde guerre… Il est très motivé pour m’aider à rencontrer de bons joueurs de Sape vu qu’il connait tout le monde. Seulement voilà, il faut passer par lui pour rencontrer qui que ce soit et il vend les « visites » de long house comme il vendrait des visites au zoo, c’est le point qui me dérange... Mais bon, il faut de toute façon trouver une barque pour s’enfoncer dans la jungle vers les long houses alors il reste une bonne option. C’est ainsi que le lendemain j’embarque sur une barque minuscule avec mes deux suisses et mon polonais qui n’ont pas trouvé mieux à faire. Mais avant d’arriver à la longue house, Daniel nous amène au marché, on doit acheter de quoi faire les repas de la journée, puis il insiste à nous dire qu’il faudra absolument acheter des petites babioles sur place pour « aider les minorités locales »… Il commence un peu à nous faire grincer des dents. Daniel s’en va est on se retrouve accompagné par Randy notre « guide-traducteur » qui parle 2 mots d’Anglais mais qui s’avère être le génie du Sape en question que Daniel veut me faire rencontrer. Sa long house sSAM_0085e nomme « Keh Jaman » et lui et moi passons une superbe après-midi à jouer ensemble et à bien s’entendre. Je l’ai beaucoup filmé. C’est vraiment un excellent musicien autodidacte avec une oreille incroyable. Il fabrique lui-même ses Sape de A à Z avec des petites subtilités pour pouvoir déplacer les frètes et changer de tonalité. Il a également appris à jouer de la guitare tout seul. Sauf qu’il est gaucher et qu’il joue de guitares de droitiers en inversant toutes les positions et il joue vraiment très bien, c’est bluffant ! On est accueillis par une tête de porc sauvage grillée qu’on partage tous en découpant des petits bouts de joue et de museau. C’est gênant au début mais délicieux. Quant au reste de la journée, si je n’avais pas joué de musique avec Randy toute la journée je serais sûrement mort d’ennui, à l’instar de mes amis européens. Il n’y a rien à « visiter » dans une long house. C’est simplement un assemblement de plusieurs logement en un seul bâtiment, sauf qu’évidemment on ne peut pas entrer visiter chez tout le monde. L’intérieur des logements ne diffère pas beaucoup des autres maisons Malaisiennes on y trouve tv, téléphone et tout et tout… Donc en 10 minutes, la « visite » est terminée. La plupart des hommes sont parti travailler, il reste donc majoritairement des femmes qui passent la journée à chiller tranquillou. En fait le vrai intérêt d’être là est de pouvoir interagir avec les gens qui sont tout de même intéressant. Mais la barrière de la lanSAM_0084gue limite pas mal les choses, heureusement pour moi que la musique aide beaucoup. Ils adorent les tatouages au bambou et se tatouent eux-mêmes de partout. Ce qui est marrant c’est que parfois ils se ratent ou ils ont la flemme de terminer, ça donne des résultats bizarres genre des supposés dragons qui ressemblent plus à des lapins… Un certain Andrewson s’empare de ma guitare à défaut de mon bras, et la tatoue un peu de partout avec un feutre, ce qui lui donne un style de jolie guitare customisée-jacky. Les vieilles femmes se tatouent par tradition entièrement les avant-bras en noir et fument un truc local roulé dans des feuilles. Ça leur donne un super style. Le pic d’activité de la journée arrive en toute fin d’après-midi lorsque Randy décide de brancher son Sape sur son ampli et de jouer à fond la caisse. Tout le monde se regroupe autour de lui, les femmes font la « danse de l’aigle » les hommes font des danses de guerriers en poussant des cris et essaient de nous initier. On chante des chansons occidentales… Bref, le moment est vraiment sympa parce qu’il est très spontané. Puis les autres s’en vont, je suis le seul touriste à rester dormir sur place (parce que je suis le seul à avoir passé une journée pleine et excitante). Tout se passe super bien jusqu’à ce que Randy et deux ou trois copains hilares m’expliquent ce soir ils souhaitent picoler leur alcool local dont je ne raffole pas. Je sens qu’il y a un truc qu’ils n’arrivent pas à me dire alors ils passent par une jeune fille qui parle un peu d’Anglais.

La fille – Tu pourrais acheter de l’alcool ?

Moi  - Nan, c’est gentil mais j’aime pas trop ça.

La fille - Ils veulent que tu achètes 2 bouteilles.

Moi (bottant en touche) - Nan, c’est vraiment gentil mais j’ai pas trop envie de boire ce soir..

La fille - Ils ne te demandent pas de boire, ils te demandent juste de payer !

-Moi (obligé d’être clair) - Nan je n’ai pas envie de leur payer leur cuite.

Ça me semble fairplay étant donné que je paie déjà le « droit d’être là », les repas de la journée et l’hébergement pour la nuit et que le prix de 2 bouteilles est mon budget journalier ! Il y a malheureusement après ça comme un petit malaise dans l’air. Les gars ne sont plus hilares et l’ambiance devient beaucoup plus froide pendant le reste de la soirée que l’on passe d’ailleurs à regarder la télé…

Le lendemain Randy me ramène à Belaga et m’explique qu’il aimerait bien que je revienne, qu’il va faire dSAM_0100es concerts prochainement et tout et tout… Mais malgré de longs dialogues je n’arrive pas à savoir si je peux lui rendre visite quand je veux ou s’il faut je le paie en tant que guide et que je paie encore Daniel l’intermédiaire… En gros, s’il veut que je revienne en tant que copain ou client ! Aucune réponse claire, peut-être à cause de la barrière de la langue, peut-être pas… Néanmoins face à tant d’ambiguïté je préfère ne pas revenir.

Telle fut ma rencontre avec les Orang Ulu, les vrais de vrais ! J’ai pas mal détaillé l’histoire parce que je trouve que l’on touche là aux dérives de ce que l’on nomme «le tourisme communautaire ». Le fait de payer pour simplement avoir le droit de rencontrer des gens fausse vraiment les rapports humains. Je pensais un peu naïvement au départ que l’argent était pour une bonne cause : le fait de les aider à survivre à la déforestation qui les empêche de pêcher et chasser comme auparavant. En réalité ils n’ont plus du tout ce style de vie depuis des décennies et 8 hommes sur 10 travaillent soit dans des entreprises de déforestation, soit des scieries, soit des plantations de palmiers à huile, donc ça n’a pas de sens. Ici la belle phrase qui fait craquer tout touriste « donnez de l’argent pour aider les minorités » veut simplement dire « Donnez de l’argent à mes copains (qui n'en n'ont pas forcement plus besoin que vous...)! ».

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Commentaires
Y
Hello Mac, joli commentaire!<br /> <br /> Ouaip le tourisme commnautaire est super dans l'idee de donner de l'argent aux locaux plutot qu'aux agences de voyage. Ce sont les derives qui sont pas tres jolies. Et en Malaisie, minorite ne veut pas dire pauvrete.<br /> <br /> Merki! J'aimerais bien voir votre montage final! Sinon ca roule toi?<br /> <br /> tchop
M
Yo!<br /> <br /> Je suis d'accord avec toi pour le "tourisme communautaire". Mais on l'a bien cherché avec les ONG et leurs grands sabots, leur 4x4, leur clinquant,... les politiques d'anciens pays anglo-saxon colonisateurs qui ne pensent qu'aux fric (bon cet argument est bancal et très subjectif. Les seuls pays que j'ai visité ou il y avait moins de tourisme communautaire, ce sont les pays non colonialisés par un pays anglo-saxon : laos , thailande)<br /> <br /> Les tribus veulent sortir de leur pauvreté et veulent ce que les autres ont. On leur vend monts et merveilles, faut pas s'attendre à une autre attitude!<br /> <br /> <br /> <br /> Et il ne faut pas généraliser ce tourisme communautaire tout n'est pas si noir car de temps en temps on rencontre des gens authentiques!!<br /> <br /> <br /> <br /> T'as assuré avec la vidéo<br /> <br /> tcho
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