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11 novembre 2012

Résumé du voyage

Bonjour à tous.

Si vous avez suivi toutes mes histoires, cet article est peut être le truc le plus intéressant à lire depuis plus d’un an que je passe à raconter ma vie ! Si par contre vous n’avez rien suivi et que vous découvrez ce blog, cet article est peut être la seule chose que vous avez besoin de lire! Enfin, à peu près...! Voici donc en totale exclusivité: le résumé du voyage ! Lassé de lire des bouquins de voyage ou des blogs (incluant le mien) qui se contentent de d’empiler les anecdotes du genre « j’ai fait ci, j’ai mangé ça, j’suis allé là, c’était trop génial, whoo etc… », voici enfin un article qui s’attarde un peu sur le fond des choses et toute la partie introspective de ce voyage. Le but étant d’expliquer ce que j’ai réellement appris durant ce voyage et comment il m'a changé. Alors allons-y !

20 juillet 2011, je quitte fièrement mes Alpes natales, surexcité de partir enfin pour le voyage de mes rêves. Après 3 ans et demi de thèse dans la grisaille d'une banlieue Parisienne et deux mois de préparation pour le voyage j’ai besoin d’intensité. Je pars donc à fond la caisse. En ce début de trajet je suis pressé comme un citron par les dates de mes visas Turkmène et Ouzbèk qui conditionnent le temps que je dois passer en Iran, en Turquie et donc dans les Balkans avant tout ça… Un show millimétré. Aujourd’hui je me demande pourquoi j’ai choisi un timing aussi serré. La première raison est que j’ai envie de foncer à ce moment-là, la deuxième est qu’en fait n’ayant aucune idée de ce qui m’attend en ces terres inconnues je me calque sur mes ainés, ceux qui ont déjà fait ce genre de voyage, je pense à mon pote Benj et à mes copains du blog « le ciel pour toît ». Mais aujourd’hui je crois que la raison principale est qu’à l’époque j’avais encore au fond l’illusion qu’en visitant beaucoup de pays différents, je verrais plus de choses…

Ma traversée des Balkans est exactement ce dont j’avais besoin : pleins d’amis, pleins de rencontres, fête à gogo, soleil, moments intenses qui s’enchainent à grande vitesse, nikel ! Me voici donc en Turquie. Après une semaine d’immersion dans l’ambiance d’Istanbul, je me lance dans une course aux sites touristiques majeurs du pays selon un parcours que j’ai tracé durant des heures en lisant des guides de voyage avant de partir. A cette époque évidemment le guide du lonely planet est mon meilleur ami, inutile de le préciser… Et puis en plein milieu de cette course folle, arrive ce jour que je ne suis pas prêt d’oublier. Je suis dans la magnifique ville de Kas remplie de jolies ruines au bord d’une mer turquoise et j’ai prévu de grimper au sommet d’une montagne pour photographier le coucher de soleil. Un plan sans accros, sauf que mon appareil photo meurt ce jour-là. Je me dis donc tout naturellement « Bon ben tant pis, plus besoin de grimper la montagne du coup »… Immédiatement après avoir eu cette pensée je remets le monde entier en question. Qu'est ce que j'ai vraiment envie de faire en fait? Ai-je envie de voir ce coucher de soleil ou juste de le photographier ? Qu’est-ce que je fais là ? Suis-je ici uniquement pour pouvoir dire et montrer aux gens que j’y suis allé ? Qu’est ce que je veux en réalité? Et alors là, une porte s’est ouverte en moi laissant entrer toutes les questions existentielles possibles et imaginables. Les questions principales que je me posais à cette époque convergeaient toutes globalement vers celles-ci: Pourquoi je voyage ? Et qu’est-ce qu’un bon voyage ?... En fait ces questions m'ont suivies tout le temps. C’est à partir de là que j’ai commencé à observer les autres voyageurs et à me demander s’ils suivaient la voie que je voulais suivre aussi.

Coluche a dit un jour : « Pour avoir une bonne idée c’est pas compliqué : il suffit d’en avoir une mauvaise et puis de faire le contraire ». Cette petite phrase drôle sans prétention est en réalité surpuissante : C’est la base du résonnement par l’absurde. J’ai passé tout mon voyage à appliquer cette idée simple et géniale : J’analyse les comportements que je trouve idiots et je m’efforce de faire l’inverse. C’est là que j’ai découvert la triste réalité des choses : Il est complètement possible de voyager pendant des années et de rester tout aussi stupide et étroit d’esprit qu’avant de partir… Pire : j’ai même découvert qu’il est possible de devenir encore plus idiot qu’avant d’être parti. C'est triste à en pleurer! Par exemple, je connais personnellement des gens qui continuent d’être islamophobes après avoir passé des mois entiers dans des pays musulmans… Comment est-ce possible ? Très vite je cible un premier type de voyage que je ne veux pas faire : le voyage de type agence touristique. On vous met dans un bus, on vous arrête à une multitude de sites communément appelés « immanquables », vous prenez quelques photos avec vous dessus et vous repartez dire à vos copains à quel point vous connaissez bien le pays… Résultat : les seuls locaux que vous avez rencontrés sont: le personnel des hôtels et restaurants, le guide et les vendeurs de souvenirs. A mon sens, autant rester chez soi à lire Geo ça coûte moins cher… Or, je me rends compte avec effroi que je suis en train de faire exactement ce type de voyage, mais tout seul. C’est encore plus idiot, avouons-le !

Bref, je continue mon périple et arrive à Erzurum, tournant du voyage. J’y reste bloqué 1 semaine, furax du retard de mon visa Iranien. Aujourd’hui je suis convaincu que c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. J’ai passé une semaine nourrit et logé dans une résidence universitaire entouré de Turcs Musulmans pratiquants et parlant peu Anglais. Les gens les plus généreux que j’ai jamais rencontré. Un bon coup de bol pour ma première vraie expérience d’immersion dans une autre culture. Si aujourd’hui je n’ai que de vagues souvenirs de ma visite d’Ephèse, qui est pourtant LE site touristique immanquable de Turquie par excellence, je me souviens en revanche clairement de tout mon séjour à Erzurum qui m’a plus que marqué. Je m’y suis fait de vrais amis avec qui je suis encore en contact aujourd’hui, j’ai découvert une autre façon de vivre et de fonctionner emplie de bonté. En passant, Erzurum me force aussi à prendre du repos; chose que je n’avais pas vraiment faite jusque-là mais qui est essentielle lors d’un long voyage.

Mon séjour en Iran est ultra rapide mais très formateur car riche en rencontres improbables. J’ai droit au fameux accueil Persan et je dois dire que les Turcs ont placé la barre tellement haut qu’il m’est difficile de confirmer l’auto-proclamation des Iraniens comme étant les plus accueillants du monde... Disons qu’ils sont ex-æquo sur le podium, mais alors il faudrait aussi y mettre les Ouzbek, les Kirghizes, les Laotiens, les Cambodgiens, les Papous... En fait il faudrait y mettre un peu tout le monde. Donc non, il n’y a pas vraiment de podium.

Bref, je rencontre Angelika, la première personne qui m’explique les bienfaits d’un voyage sans appareil photo. Je la comprends assez bien grâce à mon expérience de Kas et l’idée prend peu à peu racine dans ma petite tête. J’apprends à gérer mon stress dans des situations où j’ai l’impression de n’avoir aucun contrôle… J’apprends même à apprécier ce genre de moment. C’est tout mon côté « Français » ou plutôt « occidental » qui s’émousse.

Ces péripéties m’amène jusqu’à Dubai où j’y retrouve ma copine. C’est le premier changement de programme sur mon planning serré: je fais une croix sur le Turkménistan et le remplace par les Emirats. Ce détour est formateur car il me sort du « formatage » de mon trajet. Je me suis forcé jusque-là à suivre une direction tout en respectant un timing. Je réalise peu à peu qu’en fait je suis libre d’aller absolument où je veux. C’est d’ailleurs pour ça que je suis parti : pour me donner à chaque instant l’opportunité de choisir entre aller à droite ou aller à gauche… Le fait d’arriver à Dubai libère un sentiment magique en moi, j’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose de grand : je suis venu jusqu’ici par les routes et les mers. Après la Turquie et l’Iran le fait d’être de retour dans un pays « Occidentalisé » me donne l’impression d’être rentré à la maison.

Durant mes 15 jours en Ouzbékistan je rencontre un nombre incalculable de baroudeurs de haute voltige. Ça change des backpackers Européens… Le plus passionnant et inspirant d’entre eux est Doudou. Il passe les 3 quarts de son temps sur les routes, à voyager uniquement en stop. Il m’explique la richesse de ce qui se trouve caché derrière les beaux sites touristiques et l’importance de prendre du temps pour les voir. Il m’encourage vivement à ralentir mon rythme. J’ai du mal à m’identifier à tous les autres qui collectionnent les visas dans leur passeport comme des timbres dans un album… Cela dit, à ce moment la durée de mes visas est toujours aussi contraignante, je n’ai droit qu’à 15 jours dans ce pays et j’ai envie de voir les principaux sites attractifs de l’Ouzbékistan. J'ai tout de même acquis en peu de patience et de sagesse entre temps et me laisse un peu plus aller au freestyle... C’est ainsi que je décide de passer plus de temps dans la magnifique ville de Khiva au lieu d'aller voir la mer Aral mourante. Je réussi à vaincre cette voix au fond de moi qui me dit "si tu ne vois pas ca maintenant, tu ne le verras jamais!" car je realise qu'il en va de même concernant les habitant de Khiva. Je commence à aller de moi-même vers les locaux, à essayer de les connaître, de les comprendre, à m’intéresser plus à eux qu’à l’architecture. D'ailleurs au fait est-ce que j’aime vraiment l’architecture ?...

Le Kirghizistan est clairement un autre gros tournant du voyage. A partir de là, fini les échéances de visa trop courtes et les plans à courir dans tous les sens… Plus ou moins. J’y rencontre beaucoup de voyageurs passionnants qui m’inspirent. Clément et Gabri deviennent mes premiers compagnons de voyage. On est tous partis environ au même moment, on a tous traversé l’Ouzbékistan et on découvre ensemble de nouvelles façons de voyager. Mathieu (du blog « un globetrotter polyglotte ») est celui qui nous initie à l’auto-stop. Autant dire qu’il change nos vies. Il me donne l’impression d’être beaucoup plus libre que moi : il est la liberté incarnée. Il va absolument où il veut quand il veut comme il veut sans suivre un trajet précis et sans guide de voyage. Je change complètement ma façon de voyager au Kirghizistan. J’apprends à me connaître de mieux en mieux, à savoir ce que je veux, ce que j’aime, ce qui m’aide dans ma quête de liberté… Tiens, « Quête de liberté » ? Commencerais-je à mettre des mots sur ce qu’est l’essence du voyage ? Commencerais-je à savoir ce que je cherche ?

En Chine j’applique mes nouveaux enseignements et vais vers les choses que j’aime. Je passe une semaine à Kashgar avec le génial Mohamed Emin, le luthier Ouïghour multi-instrumentiste. Je fais une traversée du pays avec un compagnon Chinois que je ne comprends pas, je passe mon temps à refaire le monde avec mon hôte à Beijing… Je transforme mes visites touristiques en expériences de vie à la grande muraille et au temple du paradis, je prends mon temps. Je passe mon séjour à Shanghai avec des amis ou des nouvelles rencontres et ne vois rien de la ville.

Comme si ce n'était pas suffisant, la Chine m’explose le cerveau en mille morceaux en termes de choc de culture. Je passe mon temps à me demander comment il est possible que des humains vivent de la sorte! Comment? Tout est tellement différent de chez nous… J'ai du mal à m'entendre avec les Chinois au premier abord je l'avoue... Il me faut du temps pour réaliser qu’ils ne sont ni impolis, ni stupides, ni méchants, ils sont justes Chinois… Comprenez : ils ont juste des mœurs différentes des miennes qui d’un point de vue bêtement occidental peuvent paraître parfois impolis, stupides ou méchants… Au début le « Chinese way of life » me parait tellement aberrant que je ne peux pas discuter plus de 10 minutes avec un Chinois sans lui demander pourquoi il ne fait pas la révolution... Puis leur formatage me ramène au mien et me force à une grosse prise de recul. Mon « Western way of life » a-t-il plus de sens ? Est-il moins ridicule ? Non, ex-æquo encore une fois… Je mets le doigts sur beaucoup d’idées préconçues qui ont été forcées dans mon petit cerveau depuis ma tendre enfance…

A Hong Kong, il se passe un évènement similaire à celui de Kas. Je me retrouve un jour dans la queue pour un télésiège sensé m’amener vers la plus grande statue de Bouddha du monde. Alors que je m’apprête à entamer ma 2ième demi-heure d’attente je me rends compte de l’absurdité de ce que je fais. Je m’apprête à faire une longue attente et à payer cher pour grimper voir une statue dont je vais juste prendre une photo ou deux avant de redescendre et dont je me contre-fiche… Je m’enfuis donc de cette queue à grande jambe au grand bonheur des gens derrière moi qui gagnent 1 minute d’attente. Armé de ma guitare je m’enfonce dans la jungle de cette île sublime. J’y découvre des endroits à la fois gratuits et improbables et joue beaucoup de musique. C’est la première fois que je me rends compte de l’immense différence de valeur entre une vulgaire visite et une vraie expérience de vie. Tout est là en fait ! Rebelote plus tard à Macao, je préfère jouer de la musique sur la plage à passer du temps dans les casinos bruyants et chiants à mourir…

Je retrouve ensuite ma copine en Malaisie où on passe de superbes vacances. Les discussions que l’on a ensemble m’aident à mettre des mots sur mes apprentissages et à prendre un peu plus de recul sur ce que je cherche dans mon voyage.

Arrivé à Bangkok, je retrouve mes deux amis de toujours Bryan et l’obèse. On passe deux semaines tous les trois, plutôt dans une optique de vacances et de profiter d’être ensembles… Oui car j’ai oublié de le préciser mais je ne me considère pas en vacances la plupart du temps, mais j’y reviendrai… En tout cas, c’est aussi ça voyager : partager de bons moments entre amis et passer de bonnes vacances.

Lors de ma traversée du Laos et du Cambodge en stop avec l’obèse, on reprend en quelques sortes mon voyage là où je l’avais laissé en Chine. On se met volontairement dans les situations les plus improbables possibles et on en sort grandis par des expériences géniales. Au sud de Laos on rencontre Nounou, un Portugais comédien-psychologue qui m’aide à mettre un nouveau mot sur ce que je cherche dans mon voyage : "Identité". Ca me trottait en tête depuis un bout de temps, j’avais cette idée que les musiciens de génie que j’admire, sont plus eux-mêmes que je ne suis moi-même. Constat effroyable qui me fait beaucoup cogiter depuis un moment sur l’importance de l’art dans la vie d’un humain.

A Vientiane, ma rencontre avec Mr Ghong le joueur de Gajubpi est géniale mais trop courte. Je réalise alors quelque chose de nouveau : l’absurdité des collections. C’est l’une des choses contre lesquelles je me bats. Collectionner pour collectionner et rien d’autre, ça n’a aucun sens. Que ce soit des timbres, des visas, des annecdotes, des connaissances, des photos… Ou des interviews de guitaristes par exemple. Hahaa nous y voila! Oui car ce n’est pas ça que je veux au final: Avoir une interview de guitariste dans chaque pays juste pour dire que j'en ai une. Non, ça n’a aucun intérêt si ça se limite à ça… La spirale existentielle s’intensifie. Sur une réflection de l'obèse je me mets à voir les choses différemment: d'aprés lui la manie de collectionner (qui peut être maladive) est à la base du capitalisme. Je trouve ça complètement vrai. Alors le tourisme de base qui n'a pour but que de collectionner des photos, des annecdotes, des biens matériels, des visas, serait-il une forme de capitalisme? Oui j'en suis convaincu.

Plus tard les Cambodgiens me font réfléchir au bonheur : la capacité à se contenter de ce que l’on a. On rencontre des gens qui ne possèdent rien mais passent leur temps à rire, tandis que nous avons tout et passons notre temps à nous plaindre. Il y a clairement un gros souci dans l’équation… Et beaucoup de boulot à faire là-dessus pour atteindre leur niveau.

Et puis je fais un aller-retour en France… Faute  de parcours impardonnable pour tout globe-trotter qui se respecte, du moins c’est ce qu’on me dit. Je mets du temps à prendre cette décision, j’ai du mal à l’assumer au départ. Pourtant aujourd’hui je considère ça comme l’une des expériences les plus formatrices de ce voyage. Déjà parce que j’y ai fait un super séjour mais aussi parce que j’y ai réalisé beaucoup de choses importantes. Comme je l’ai dit plus haut, je suis parti pour me donner à chaque instant l’opportunité de choisir entre aller à droite ou aller à gauche… Belle étroitesse d’esprit de jeunesse ! En réalité,  ce ne sont pas les seules options. Je peux aussi par exemple m’arrêter, faire demi-tour, grimper aux arbres… Où même sauter à cloche pied en spirale en faisant la danse des canards si je veux…  TOUT est possible ! C’est ça être libre. Une fois qu’on s'en rend compte, il reste juste à savoir le plus difficile : Qu’est ce qu’on veut vraiment ?? Il faut du temps déjà pour se rendre compte qu'on est libre et encore plus pour savoir quoi faire de sa liberté. J’ai l’impression d’avoir été un de ces esclaves noirs Américains que l’on voit dans les films. Quand on les libère à la fin de leur vie ils continuent à servir leur maître car ils ne savent pas quoi faire d’autre. En fait non, ils ne savent pas se demander ce qu’ils veulent ! Bref, je ne considère donc pas ce retour en France comme un break dans mon voyage, ça fait complètement partie de l’aventure à mes yeux. Nouvelle question alors : Faut-il forcément se déplacer géographiquement pour voyager ? Non j’en suis aujourd’hui persuadé.

Et puis me voici de retour sur les routes de Bornéo, tout seul cette fois. Nouvelle problématique existentielle à résoudre : Qui suis-je ? Celle-ci est corsée. J'ai un énorme besoin de solitude pour trouver des éléments de réponse... Je pourrais très simplement me définir comme étant un mec qui a fait de longues études, qui joue de la guitare et qui a fait un long voyage. Oui sauf que c’est faux : si jamais je me casse les deux mains je ne peux plus jouer de guitare, si  je n'ai pas de boulôt mes études ne me servent à rien et quant à mon voyage il n’est intéressant que lorsque je veux bien en parler… Pourtant je reste moi. Je ne suis pas qu'une somme de compétences, je ne suis pas un CV... Alors qui suis-je sans tout ça ?  C’est la réponse à cette question qui me fait voyager. C’est elle qui fait que je m’inspire ou pas des gens que je rencontre et qui me fait tendre vers un idéal que je n’arrive pas à définir. Qu’est ce qui fait la vraie valeur d’un humain à mes yeux ? Ce qui est certain c’est que ce n’est ni ses compétences, ni ses accomplissements et encore moins ce qu’il possède. Car c'est désormais clair après toutes ces rencontres et au cas où ça restait encore à prouver: On peut avoir fait 6 tours du monde, avoir 3 doctorats, parler 20 langues et être quand même un idiot complet.

Alors voyons voir... Aux yeux de certains je suis quelqu'un de réservé, pour d’autres je suis marrant et extraverti, pour d’autres je suis fou, aux yeux de ma mère je suis un saint, aux yeux de mes patrons de boulot je suis sérieux… En fait je joue volontiers le rôle qu’on veut bien me donner. Mais si j’enlève tous ces masques, qu’y a-t-il derrière ? Pour y répondre j’ai besoin de deux éléments : ma guitare et une plage déserte, d’où mon retour en Malaisie. Quand je campe sur une plage déserte, je peux appliquer le principe de liberté absolue. Je peux crier si je veux, je peux me mettre entièrement nu si je veux, je peux faire tout ce que le regard des autres m’empêche de faire en temps normal. La question existentielle numéro 1 revient alors plus fort que jamais : Qu’est ce que je veux bordel? C’est elle qui mène à la question du « qui suis-je ? ».

J’ai donc joué beaucoup de guitare en Malaisie en m’imposant une rigueur quotidienne assez stricte (bonjour la liberté). J’ai surtout essayé de séparer le travail technique des moments de création et d’improvisation. Ces deux derniers termes ont eux aussi créés beaucoup de débats internes puisqu’on ne peut créer que des choses que l’on a déjà entendues. Par contre ce que je peux faire c'est assembler ces choses d'une façon originale car je suis le seul à avoir vécu la vie que j’ai vécue… C'est comme ça que j'obtiens mes premiers éléments de réponse. Le vrai travail est d’aller chercher des notes qui sont en moi et de les sortir sans qu’elles soient filtrées par tous mes "masques". Vraiment pas facile, surtout quand ça n’avance pas, j’ai vite tendance à remettre en question tout l'univers cosmique… Par contre, c’est extrêmement enrichissant dans les moments ou ça avance. 

A force de passer plusieurs heures assis au même endroit sur des plages avec ma guitare, j’observe de plus en plus la vie sauvage qui m’entoure. Peu à peu, les Bernard l’Hermite s’habituent à moi et me grimpent dessus, les lézards se promènent juste à côté sans se cacher, les crabes font des boulettes de sable entre mes jambes, les moustiques essaient de me bouffer en permanence, les singes mangent des feuilles juste au dessus de ma têtes et me les font tomber dessus, les hirondelles virevoltent par ci par là… Chaque entité vivante qui m’entoure fait exactement ce qu’elle a à faire et sait exactement ce qu’elle veut. Le fait qu’elles commencent à interagir avec moi me fait réaliser ce fait simplissime : je fais moi aussi partie de ce monde. Je ne suis moi aussi qu'une bête parmis toutes celles-ci, rien de plus. J’ai passé beaucoup de temps à l’ignorer. Elles finissent par me traiter comme l’une d’elles, comme s’il était normal que je sois là. Mais est-ce normal ? Suis-je sensé être sur une plage avec une guitare ? Autant qu’un crabe qui fait des boulettes ?... Oui absolument ! Je fais juste partie d’une espèce qui a besoin de ça pour exister. Nous autres humains ne pouvons pas nous contenter de naître, procréer et mourir comme semblent le faire les crabes. Il nous en faut plus ! On a besoin de trouver un sens à nos vies, ou plutôt de s’en créer un, voire même de créer des choses tout court. Aussi anodin que ça puisse paraître, cette révélation me donne la banane pendant des semaines…

En occident on oublie tout ça. Une bonne nature est une nature contrôlée. L’herbe non-coupée : c’est moche, les arbres non-taillés : c’est bordélique, les insectes : c’est la fin du monde (sales, dégoutants, beurk!). En fait chez nous, un monde parfait est un monde sans nature, ou alors juste un peu pour faire joli. On en oublie comment fonctionne le monde. A tel point que c’est même devenu un luxe: on achète du bio les yeux de la tête, on va au zoo, on achète du cosmétique à base de produits naturels (parce que « c’est mieux »), on se bat pour vivre à côté d’un parc parce que c’est joli, tant que les insectes n’entrent pas chez nous. Et puis à l'occasion on râle parce que la grande barrière de corail est détruite. En Malaisie, beaucoup de gens vivent avec les insectes en permanence. Fourmis, cafards, araignées, milles pattes, coléoptères et hannetons immenses. Ils sont partout dans les maisons et tout le monde vit très bien avec. Lorsque j’étais à Kuala Lumpur je me lançais parfois dans des chasses aux gros cafards chez mon hôte en pensant lui faire plaisir, jusqu’à ce qu’il me demande de les laisser tranquille : ils ne m’ont rien fait. C’est vrai ! Tuer un insecte juste parce qu’on le trouve moche, c’est l’équivalent du pire des racismes… Aujourd’hui je ne tue plus d'insecte, mis à part les moustiques quand même: mauvais réflexes!
Bref, ma route me mène ensuite à Kota Kinabalu, au nord de Bornéo j’ai une petite baisse de moral. Parfois trop de solitude tue la solitude. J’ai besoin de faire des rencontres, de nouvelles inspirations pour continuer d’avancer. J’ai besoin d’intensité, de faire la fête pour retrouver le pêche. J’obtiens tout ça sans soucis… Nikel, c'est reparti!

Ceci m’amène en Indonésie, un pays qui me force à vivre à sa façon. En Malaisie, il est possible de grimper dans un bus et faire 300km en 4 heures, avec son walkman peinard. Pas en Indonésie : parcourir 300km peut prendre deux jours. Il faut faire de multiples haltes, intéragir avec les locaux, manger, discuter, dormir avec eux, ou plutôt passer des nuits blanches dans des bus ou des taxis avec la musique à fond la caisse. Dans ce genre de cas, on apprend vite à communiquer. L’Indonésie m’a appris à toucher le fond, à oublier toute sorte de confort tout en profitant de la vie. On en revient encore à ce point important concernant l’essence du voyage : l’expérience de vie. Faire 300km en 4 heures ce n’est pas voyager, c’est juste se déplacer. En gros, si on ne vit rien, on ne voyage pas.

Si l’Indonésie est un gros choc de culture, il reste petit par rapport à celui de la Papouasie Occidentale et de la PNG. Ces endroits poussent à réfléchir sur l’humain de manière général… J'y rencontre des gens dont la seule "contrainte" journalière est de faire en sorte qu'ils puissent se nourrir (en cultivant leur terre). Le reste du temps, ils le passent à faire ce qu'ils aiment ou à réfléchir à ce qu'ils aimeraient faire... Un style de vie très similaire au mien en fait! Chez-nous on passe notre temps à travailler mais on oublie pourquoi. On n'a pas le temps de se demander ce que l'on aimerait faire et on n'a pas vraiment besoin de se le demander. Car une fois que l'on a suffisament travaillé pour se nourrir, se loger, s'éduquer et se soigner, on continue à travailler. Ensuite il n'y a qu'à tourner la tete pour qu'une pub nous dise quoi faire de notre "excédent de travail"...

Et puis tout ceci m'amène en Australie, un choc culturel inversé: le retour parmi les miens, les occidentaux. Tout n’est que consommation et détournement de regard vers des choses futiles. J’ai du mal à me sentir connecté avec les gens que je rencontre en auberge de jeunesse, si bien que je me retrouve à trainer avec des hippies, ceux avec qui je m’entends le mieux. Vivre pieds nus et sans argent… Est-ce là ma voie dans ce genre de pays? Il y a peut être quelque chose à creuser en tout cas. Néanmoins une fois ce choc inverse encaissé, ce pays est tout de même rempli de bons cotés. L'un d'eux est l'immense diversité de personnes que l'on peut y rencontrer, notament des gens qui me ressemblent et qui se posent les mêmes questions que les miennes. Cool je ne suis pas le seul alors, je ne suis pas fou!

Alors où en suis-je aujourd'hui sur les questions existentielles de base? Premiere question: qui suis-je au final ? Aujourd’hui je me vois comme un point qui avance dans un immense espace à plusieurs dimensions : il y a entre autres la dimension géographique dans laquelle je bouge, mais aussi la dimension émotionnelle, la dimension de la maturité, la dimension de la musique… Il y a peut-être une infinité de dimensions dans cette espace, et moi je suis une sorte de chemin parmi tant d’autres qui s’agrandit de jours en jours. Ce qui me définit c’est mon point de départ et mon chemin parcouru. C’est ce qui conditionne ma façon d’assembler mes idées.

Ce dont je me suis rendu compte c'est que dans cet espace, l'itinéraire de chacun est poussé à graviter autour d'une autoroute construite par le système dans lequel on vit. Il nous dicte à tous comment nous comporter, comment nous habiller, comment parler etc... Tout ceci dans le but d'éviter que chacun fasse à sa guise et que l'on retourne à l'age de pierre. Cela dit à cause de tout ça,  on joue des rôles en permanence. On se retrouve avec des dizaines de filtres entre nos pensées et nos actes ou nos paroles. Ces filtres ont de très bonnes raisons d'être là, cependant on oublit parfois leur présence et on se met alors à se mentir à soit-même, on devient le simple clone de son voisin... Grace à ce voyage j'apprends peu à peu  à regarder ce qu'il y a derrière chacun de ces filtres et me voir tel que je suis sans peur du ridicule. Mais ma route est encore longue... C'est comme ca que l'art intervient dans mon voyage à travers la voie que j'ai choisie: l'improvisation. La signature d'un artiste est l'itinéraire de sa vie. Il n'y en a pas deux qui soient identiques. C'est tout simplement la théorie du chaos. La turbulence de la vie nous amène tous sur des chemins différents qui s'écartent au fil du temps. En mettant bout à bout des choses prises en chemin on obtient un produit unique, un rassemblement d'influences liées et deformées par du ressenti et de l'imagination: une création artistique. C'est une belle facon d'exister à mes yeux. C'est même peut être la seule façon d'être vraiment humain... Parce sans ça que sommes-nous? Des crabes qui font des boulettes?...

Bon une autre question sur laquelle j'ai avancé: Qu’est-ce qu’un voyage ? Ce que j'appelle "voyager" aujourd'hui c’est le fait d’avancer dans cet immense espace mais pas uniquement dans sa dimension géographique, dans toutes les autres aussi. Voyager c’est prendre conscience que l’on est vivant et essayer de vivre le mieux possible. En fait voyager c’est sublimer l’art de vivre tout simplement. En ce sens il est donc possible de voyager sans se déplacer géographiquement. Pour ça il faut quand même avoir envie de se remettre en question pour pouvoir avancer quelque part... 

En tout cas ces 4 termes sont vraiment très liés: Voyage, art, vie et identité.

Si je devais définir l’idiotie maintenant, ce serait peut être le fait de ne plus avancer, de ne plus se remettre en question, de se croire déjà assez loin ou plus loin que les autres. En tout cas c’est comme ça que l’idiotie arrive!

En fait durant tout ce temps, ce que j'ai appris à faire c'est être à l'aise avec moi-même dans n'importe quelle situation et à toujours tirer profit de ma solitude. J'avais déjà ce sentiment avant de partir que l'on est toujours seul au final, même en étant accompagné. On est seuls dans nos têtes, on est seuls à vivre nos vies et voir le monde à travers nos propres yeux. J'ai toujours trouvé qu'il est important d'être à l'aise avec sa solitude, de ne pas avoir peur de se retrouver face à soi-même car c'est comme ça que l'on passe toute sa vie au final. Le but ultime de toutes ces questions existentielles qui peuvent ressembler à des prises de tête infernales est en fait tout simple: profiter de la vie autant que possible. Parfois les questions existentielles n'aident pas à mieux vivre alors mieux vaut les laisse tomber. C'est ca le fil conducteur de ce voyage: me mettre dans des conditions d'inconfort ultime et en tirer des choses positives. Alors pour répondre à la question de "Pourquoi je voyage?". Surement pour réussir à toujours être bien dans ma tête, bien dans mon corps, bien tout seul et bien avec les autres qui qu'ils soient...

Alors dernière question: Qu'est-ce qu'un BON voyage? Ce que j'ai appris pendant tout ce temps grace au résonnement par l'absurde c'est qu'un "bon voyage" (et donc une bonne vie) n'est pas motivé par une quelconque récompense matérielle (photo, souvenir, fanfaronnerie, prestige, position sociale etc...) mais par la transformation lente du voyageur en quelqu'un de meilleur selon sa propre définition.

Quoi qu’il en soit, même ici en Australie mon voyage continue et n’est pas prêt de s’arrêter. Même si je rentre chez moi je voyagerai encore car comme je l’ai dit, je n’ai plus besoin de bouger pour voyager, il me suffit d’être en vie. J’ai appris à vivre ma vie comme un voyage, et mon voyage comme une vie. C’est ça que je voulais dire en disant que je n’envisageais pas d'en revenir.

Allez, une petite annecdote en passant: certains de mes amis-facebook adorent poster de belles phrases pseudo-philosophiques qui me font sourire du genre : « La vie est un livre, ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page » ou encore pire : « Le voyage est la seule chose que l’on achète qui nous rend plus riche »… Je trouve que ces phrases sont de bons exemples pour montrer comment l’idiotie peut frapper à tout instant. Même chez des gens qui voyagent depuis des années! Il est illusoire de penser que l’on devienne meilleur simplement en changeant sa position géographique! Il est encore pire de se croire meilleur que d’autres juste parce que l’on a vu du pays. Car encore une fois on ne voit pas forcément plus de « pages du livre », sans remise en question du moins. C'est comme dire que tous ceux qui n'ont pas les moyens de voyager (la majorité des Asiatiques et Africains) n'atteindront jamais la sagesse des occidentaux qui eux peuvent se permettre de partir en vacances... La vanité est une belle porte d’entrée pour l’idiotie. EnDSCF5703 (2) bref, l’important n’est pas où l'on va, ni ce que l’on accomplit, ni même ce que l’on apprend mais ce que l’on devient.

En tout cas pour ma part, voilà donc où j’en suis aujourd’hui, j’espère en être un peu plus loin demain.

Bon, pour finir je sors un vieux dossier : cette sublime photo de moi-même (ci-contre). C'est la premiere photo que j'ai postée dans ce blog. Elle a été prise avant de partir et publiée dans le très prestigieux magazine gratuit « cité-Echirolles »... Il m’est très difficile de ne pas rire en la voyant aujourd'hui. La photo est évidemment complètement posée. Je fais semblant de marcher à la montagne avec mes chaussure bien blanches, ma guitare à 700€ et mon sac à dos vide et détaché. Le parfait avatar de l’homme que j’aurais voulu être à cette époque... Bref, quand je regarde cette photo je me dis « Qui est ce mec ? ». Est-ce moi ?...

Oui… Mais un peu moins qu’aujourd’hui.

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Commentaires
Y
Salut Mathilde et Lea! Merci pour vos commentaires. Ca me fait plaisir que cet article vous parle. A vous de jouer! A bientot ici ou ailleurs, Bisoux
M
Coucou Yoh!<br /> <br /> Lysiane avait des envies de voyage alors je lui ai filé l'adresse de ton blog, et du coup je me suis mise à le relire, et là, je tombe sur cet article que je n'avais pas vu à l'époque! Juste génial! :-)<br /> <br /> Justement on avait essayé d'en parler au repas à Echirolles et au final, on a parlé de plein de choses, mais là, quand tu donnes ton opinion sur les voyages, le sens de la vie, l'identité, ce qu'on attend de soi et des autres, l'art et la liberté, etc. tu résumes génialement tout ce dont je voulais parler avec toi. :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Alors un grand merci et un sérieux coup de chapeau pour cette philosophie de vie à laquelle je souhaiterais adhérer. Je n'en suis pas encore là. Mais au moins, je suis sur la bonne voie. Et en partie grâce à toi. Alors encore merci pour avoir jouer ce rôle de guide.<br /> <br /> <br /> <br /> Et je te souhaite bon courage et bonne chance pour la suite de tes aventures!<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> Mathilde
L
Salut yoyo<br /> <br /> Je viens de lire cet article, hasard d'un commentaire de Mathilde sur fb. J'avais lu à l'époque quelques articles, mais celui ci tombe à pic car je suis en plein road trip avec José, et je me pose beaucoup de questions sur comment faire un BON voyage, chaque jours en prévoyant l'itinéraire du lendemain ou de la semaine... on passe beaucoup de temps à prévoir le "comment" et moins à réfléchir au "pourquoi". Tes réflexions sont dignes des cours de philo ;) lire noir sur blanc des (tes) pensées permet vraiment d'avancer, réfléchir c'est une chose mais les écrire demande du recul. Bravo pour ce beau blog. J'ai lu ce post d'une traite et j'ai l'impression d'être rentré dans ta tête de skyzo ^^ <br /> <br /> Gros bisous à tous les nyirou<br /> <br /> <br /> <br /> P.S : Merci, cela m'a fait voyager un peu plus vite dans mon voyage
R
Bonjour, Un petit mot de quelqu'un qui ne vous connait qu'à travers ce blog... Vivant à Singapour, j'y suis tombé (sur le blog!) par hasard en cherchant des infos sur le Sabah où je compte me rendre avec mes enfants... Votre année de pérégrinations et votre évolution personnelle sont assez émouvantes. Il est clair que vous avez avancé, peut-être auriez-vous pu le faire sans avancer (vous déplacer), mais je n'en suis pas sur... Voyager ne règle pas tout vous avez raison, le voyage n'apporte rien en soi vous avez encore raison, avoir voyager ne prouve rien vous avez toujours raison... mais le voyage permet un détachement de soi, une compréhension de la possibilité d'existence d'autres points de vue, un gain de tolérance notamment vis à vis de soi-même.<br /> <br /> Ce voyage est une belle aventure en cours.<br /> <br /> Grâce à elle, c'est évident, vous serez un bon papa, ce qui, finalement, est l'essentiel.<br /> <br /> Bon vent à vous et à vos proches.<br /> <br /> Rajasthan
B
c'est bibi qui a écrit ce message , mais Fanfan y est associé , et on espère te revoir bientot pour discuter de tout cela ! quel beau voyage et quelle philosophie et la Zique en plus ( j'adore celui qui joue Django au début , je me rappelle + son nom ..... biz de nous 4
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