Premier jour en Iran

Mardi 13 septembre

Mes deux amis Erkan et Benyamin se lèvent à 5h du matin pour m’amener à la gare en voiture, géniaux jusqu’au bout ! Je m’endors dans le bus et me réveille 4 heures plus tard à Dogubayazit, la dernière grande ville Turque avant la frontière. Là je prends un dolmus (mini van) pour parcourir les 40 km qui me séparent de l’Iran. Le dolmus est tellement plein qu’on me met sur un tabouret (rien de plus casse-gueule). Soudain le van s’arrête devant des barrières, il n’ira pas plus loin, il faut continuer à pied. 800 mètres plus loin se trouve la fontière, côté Turc. Là un Iranien me propose d’échanger de l’argent. Je n’ai pas vérifié les taux avant d’arriver là mais je crois me souvenir d’après le lonely planet que j’ai feuilleté (et qui n’est pas à jour) que 1€ = 12000 rials. Il me propose d’échanger 1$ pour 8000, ça me semble pas trop mal en plus le mec est un excellent baratineur… J’échange 400$ : Monumentale erreur !!!!!! Encore aujourd’hui je n’arrive pas à expliquer pourquoi j’ai été aussi bête d’échanger autant. Je passe la frontière Turque et j’ai droit à un tampon  sur mon passeport qui n’est pas donné à tout le monde. L’autre côté est complètement chaotique : Une foule immense s’engouffre au travers de deux portes étroites en criant et en se doublant les uns les autres. Mis à part ça tout se passe sans accroc. On regarde mon sac à peine deux secondes et on ne prend même pas mes empreintes digitales… J’suis presque déçu ! De l’autre côté des dizaines de gens nous harcèlent pour échanger de l’argent. Je demande leur taux à tout hasard : 1$ = 12500 rials. Horreur ! Le monde s’effondre sous mes pieds : je viens de perdre bêtement 150$. Quand on passe son temps à surveiller toutes ses dépenses, ça fait très mal ! Donc ça y est : je suis de mauvais poil. En ajoutant à ça les galères de visa, la fatigue, le stress de ne rien comprendre, la flippe des militaires et mon reste de fièvre je suis très irritable toute la journée. Je prends un bus pour environ 4km ou je sympathise avec un Syrien. On doit ensuite prendre un taxi vers Maku. Là mon nouveau pote se met à négocier-dur en criant sur les chauffeurs de taxi. Il ne lâche rien c’est très drôle à voir. Même une fois dans le taxi le chauffeur demande 50000 et il ne lui donne que 30000. Ils se crient dessus l’un l’autre jusqu’à ce que le chauffeur arrête la voiture. Moi je suis persuadé qu’on va se faire virer de la voiture. Non, il fait monter mon pote devant et ils se mettent à rire ensemble. Bienvenue en Iran où il est normal de négocier sec! A Maku le bus pour Tabriz est plein et honnêtement je ne comprends rien ! Personne ne parle une langue que je connais et je ne peux même pas lire ce qui est écrit vu qu’ils utilisent l’alphabet Arabe. Même les chiffres sont différents ! Je suis de mauvais poil et j’ai envie de comprendre ce qu’il se passe mais on ne fait que me dire de me calmer et d’attendre sans rien m’expliquer ce qui m’énerve encore plus. Il faut vraiment que je me désoccidentalise ! Après bien des galères, je monte dans un bus qui me laisse dans le désert 1 heure après. Là je dois attendre un autre bus qui m’amène enfin vers Tabriz, ma destination finale. J’y arrive vers 18h30. Là, bonheur suprême, un mec sympa qui parle Anglais me laisse appeler Hamed, un Iranien avec qui j’avais sympathisé au consulat d’Erzurum. Ce dernier vient me chercher en voiture à la gare routière, trop sympa ! Il m’amène ensuite manger un kebab, puis me laisse à un hôtel à côté du vieux bazar. Le rapport qualité/prix n’a rien à voir avec la Turquie ! Pour 9$ j’ai une chambre d’asile psychiatrique d’environ 3m². Les toilettes communs sont à moitié cassés et marrons du sol jusqu’au plafond, il n’y a pas de petit déjeuner et la douche est à payer en supplément. Une fois dans le lit et après une telle journée, je me demande pour la première fois ce que je fous ici…